CONTRE la loi ESR "Fioraso", parce que POUR la langue française !

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#866 nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

2013-04-13 17:17

Stimuler la qualité du débat scientifique en laissant les chercheurs s’exprimer et rédiger dans "la langue qu'ils maitrisent le mieux" (dans les colloques et les revues scientifiques) est une idée a priori séduisante. Mais déconnectée des réalités dans ma discipline de recherche.

J'ai consulté mon profil de chercheur sur internet. J’ai 20 articles scientifiques référencés, avec un au total de 62 co-auteurs (de 11 nationalités différentes) affiliés à des universités ou instituts publics de 9 pays différents (France, Royaume Uni, Espagne, Irlande, Italie, Tchéquie, Norvège, Estonie et Nouvelle Zélande). Chaque article a 6-8 co-auteurs (ça fait souvent trois langues maternelles différentes). Ces articles se référent aussi à 400 publications scientifiques (qui ont aussi des centaines d’auteurs parlant au moins 20 langues différentes). Si chaque chercheur devait s'exprimer et publier "dans la langue qu'il maitrise le mieux", alors bonjour le boxon et quel frein à la diffusion de l'information scientifique. Le texte de la pétition suggère la traduction en de multiples langues. Comme la traduction automatique fonctionne pour le moment mal et vu la masse des publications scientifiques, c'est irréaliste (et je passe sur le coût exhorbitant d'une telle proposition). Alors mettez plutôt des moyens dans la recherche scientifique elle-même que dans ce genre d’usines à gaz. Ca évitera à des scientifiques français de se retrouver au plôle emploi et de devoir chercher du taf' à l'étranger.

Dans mon domaine de recherche, on a besoin d'avoir une langue véhiculaire permettant de collecter rapidement les informations existantes, de travailler avec d'autres groupes universitaires étrangers et de diffuser efficacement les résultats dans la communauté scientifique. Cette "lingua franca" aurait pu être le français; c’est aujourd’hui l’anglais. Alors je fais comme ont fait en leur temps mes grands-parents (qui ne savaient que le breton en arrivant à l’école): je m’adapte au monde dans lequel je vis.

Réponses

François-Xavier Grison

#867 Re: nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

2013-04-13 17:50:57

#866: - nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

Je vous indique quelques éléments de réponse concernant les colloques et les revues scientifiques, au sujet desquels il est indiqué dans le texte de la pétition que la traduction permet de pallier les nombreux inconvénients du règne de l'anglais exclusif.

 

En effet :


1) L'imposition de l'anglais dans les colloques internationaux situés en France :

- gène les chercheurs français mal à l'aise dans cette langue - et ils sont nombreux. Les inconvénients pour eux proviennent d'une difficulté à retranscrire en anglais la nuance, la richesse, la précision, la rigueur du travail qu'ils ont réalisé dans leur langue maternelle. On est d'ailleurs plus créatif et plus agile dans sa langue propre

- provoque l'autocensure car il est mal vu de dire qu'on parle mal anglais

- interdit tout public non anglophone

- aboutit à des situations qui seraient burlesques si elles n'étaient pas humiliantes : si 10 chercheurs sont français et un anglais, tout sera en anglais, ce qui donnera un avantage "comparatif" considérable au chercheur anglais et rabaissera le travail des chercheurs français qui ne pourront pas s'exprimer aussi bien que leur collègue d'outre-Manche. Si l'on parle mal une langue, on donne l'impression d'avoir une pensée un peu "grossière" en s'exprimant dedans

- viole la loi, qui demande que les colloques puissent être suivis en français (d'où la traduction et le fonds Pascal pour permettre aux colloques d'y avoir recours sans que cela n'engage des coûts excessifs).

La situation des colloques internationaux se tenant en France devrait donc être la suivante :

- les chercheurs français devraient s'exprimer en français ainsi que tous les étrangers souhaitant s'exprimer en français

- une traduction vers le français devrait être disponible dès lors qu'un chercheur ne parlant pas français voudrait s'exprimer en anglais. A cet effet, le fonds Pascal devrait être beaucoup mieux doté qu'il ne l'est aujourd'hui.

 

2) Il faut faut bien se rendre compte de ce qui se passe à l'étranger, notamment dans les pays du "nord de l'Europe" dont l'on vante à tant en France le niveau d'anglais.

L'anglais ne passe pas du tout comme une lettre à la poste en Allemagne par exemple. Je vous laisse lire le texte de la très officielle Hochschulrektorenkonferenz allemande qui dresse un réquisitoire sévère contre le tout anglais dans les universités et la recherche allemandes :

www.hrk.de/press/press-releases/press-release/meldung/internationalisation-of-universities-promoting-national-and-international-multilingualism-1000/

Il est notamment question de distorsion de concurrence par rapport aux anglophones et du fait que l'Allemagne se tire une balle dans le pied en ne promouvant pas l'allemand en Allemagne même.

Je vous invite également à voir ce qui se passe en Chine, avec cette très intéressante dépêche de l'agence de presse Xinhua du 16 mars 2013 "Chine : des universités de premier rang abandonnent l'épreuve d'anglais dans leur examen d'entrée" :

french.news.cn/culture/2013-03/16/c_132239095.htm

 

3) Concernant les revues internationales, c'est un fait, en effet, que la communauté scientifique lit en anglais et je vous rejoins, de ce point de vue, sur la nécessité d'une langue véhiculaire à l'écrit pour la communication scientifique.

La position raisonnable à adopter est qu'il faut que tout article écrit en France existe dans une version française. C'est la traduction qui doit jouer pour qu'il existe aussi en anglais. Il importe de promouvoir des revues multilingues. Or l'on sait bien que les mesures prises par Mme Pécresse poussent les chercheurs français à ne privilégier plus que les revues anglo-américaines exclusivement en anglais. L'UPR reviendrait naturellement sur ces dispositions.

Le problème de ne même plus publier en français en France est que nombre de chercheurs sont complètement inconnus dans leur propre pays, et n'y sont pas du tout lus.

Beaucoup d'acteurs, comme des revues de vulgarisation ou la grande presse, "tournent" autour de la recherche et de la science et ont besoin de lire dans leur langue maternelle. C'est ainsi que l'Union Populaire Républicaine a révélé un "scoop" en juillet 2012 : une étude scientifique du CNRS et de l'Université catholique de Lille du 4 décembre 2009 avait repéré que le LIBOR et l'EURIBOR étaient manipulés, donc bien avant l'éclatement du scandale mondial.

L'article n'avait pas du tout percé en France parce qu'il était exclusivement en anglais. Apparemment, il n'avait pas percé non plus à l'étranger, bien qu'en anglais... Cette mésaventure est une bonne leçon dont il faut tirer tous les enseignements. Tous les détails ici :

www.u-p-r.fr/actualite/france-europe/scandale-libor-et-euribord



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#868 Re: nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

2013-04-13 18:25:08

#866: - nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

Monsieur le gentil chercheur,

J'étais il y a encore trois ans étudiant. Je suis parti en Amérique Latine un semestre, les cours étaient dispensés entierement en Espagnol......Donc j'ai pu parfaire mon espagnol. Si les cours avaient été en Anglais alors je serais parti dans un pays anglo-saxon. Pourquoi recevoir des cours en anglais de mauvaise qualité. Je crois que certains chercheurs français sont de mauvaise foi et veulent imposer l'anglais pour de mauvaises raisons. Imposer l'anglais et je ne suis pas sûr que vous augmenterait votre rayonnement. Maintenant vous devez admettre que vous imposez l'anglais seulement pour faire du chiffre pas pour del'Humanisme ou je me trompe. Car aujourd'hui l'anglais est langue de la science et si demain s'était le tout du chinois ou de l'espagnol alors il faudrait tout transformer, vous marchez sur la tête. On est en droit de parler parfaitement plusieurs langues à un certain niveau, publier en langue étrangère. Mais imposer de façon arbitraire une langue c'est discriminatoire.

Flamme de l'Étoile

#869 : la --PSEUDO-- nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

2013-04-13 19:08:10

#866: - nécessité d’une langue véhiculaire en recherche

Dans les quinze lignes que vous avez exposées ci-avant vous ne parliez que de VOUS.

Je vous cite,

« je »,

« ma disciple de recherche »,

« mon domaine de recherche »,

« mon profil de chercheur »,

« communauté scientifique ».

Vous centrez le monde sur vous seul.

Cela vous regarde. C'est votre liberté.

 

Mais, en l'occurrence, il s'agit d'une loi à laquelle s'opposent les signataires de la présente pétition.

 

Une loi a la portée nationale, c'est-à-dire tous les habitants en France, donc VOUS et les 60 MILLIONS D'HABITANTS NON-VOUS moins un.

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Votre « je » et « mon » m'amèment à parler de MOI.

 

Je m'oppose à ce projet-loi. Ce projet-loi-tout-usaméricain me répugne.

 

Je suis trilingue français-anglais-chinois.

Être trilingue signifie : parler écouter écrire lire trois langues.

 

J'ai été salarié dans les sociétés multinationales parisiennes d'origine usaméricaine.

Je participais aux réunions inter-filiales à Paris Londres Munich Milan Genève SantaClara (Californie) NewYok, la langue commune était l'anglo-usaméricain. Hors ces réunions, les échanges par fax se faisaient en anglais.

 

Dans une autre société, le pdg de la maison-mère allemande puis hollandaise venait à sa filiale parisienne, il était traduit en français par la secrétaire. Il ne s'imposait pas dans sa langue allemande et hollandaise bien que la filiale française lui soit subordonnée.

 

Je visualise les vidéos en langue anglo-usaméricaine sur internet chaque jour du matin au soir.

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Cela n'empêche pas ceci ; cela et ceci sont compatibles. Le voyez-vous ?

 

Conclusion :

 

Je redis : je m'oppose à ce projet-loi. Ce projet-loi-tout-usaméricain me répugne.

 

C'est un raisonnement intégral, et non pas individuel.