STOP LGV SANARY

Philippe Lieutaud

/ #54 Pourquoi je suis contre la LGV !

2011-11-11 19:41

Militant du comité sur Sanary je voudrais donner quelques informations sur le débat qui concerne tous les habitants de la région PACA.

Tout d'abord il est évident que concerné au premier chef par le trajet, je suis motivé par ce dossier. Cependant cela fait longtemps que je pense que ce qui manquait aux habitants de notre région, ce ne sont pas des TGV mais des trains interurbains. Mon investissement sur ce dossier m'a fait découvrir que bien d'autres arguments peuvent être opposés à la LGV.

Je rappelle aussi que la plupart des collectifs travaillent unitairement sur le mot d'ordre unique "NON AUX TRACES DE LA LGV". La position des élus de l'ouest-var rend d'ailleurs caduque toute autre position émanant de collectifs dont les mots d'ordre seraient politiquement "égoïstes".

Tout d'abord le fameux "arc méditerranéen". Il implique de transformer notre région, notamment le Var, comme nouveau centre de passage des Européens. 110 millions de voyageurs à l'horizon 2040. Avec tout le béton qui va avec.

En effet sommes nous d'accords pour donner un blanc seing au développement urbain de notre région ? Personnellement je refuse que le Var ressemble aux Alpes maritimes. Nos infrastructures d'eaux usés, d'ordures, nos routes, sont saturées. Dans Bandol même il faudra bien un jour s'atteler à de grands travaux sur le tout à l'égout. En été les infrastructures routières sont insuffisantes. Laisser les villes s'agrandir est un débat à poser, surtout si ce développement ne crée pas d'emplois.

Laisser construire, c'est laisser faire la hausse des prix de l'immobilier et empêcher nos jeunes de rester dans leur région. Être salarié dans les services en général et notamment le tourisme ne permet pas de gagner un salaire suffisant pour devenir propriétaire avec les prix actuels.

Que la Région et l’État participent au développement de nos entreprises, j'y suis très favorable. Mais développer encore et toujours le tourisme, ce n'est pas la création d'emplois bien rémunérés mais au contraire favoriser la paupérisation de nos habitants. Cela veut dire qu'au lieu de créer de la richesse, nous allons laisser faire le développement du tertiaire et des services, c'est-à-dire des emplois mal rémunérés.

La LGV est donc l'occasion de réfléchir sur le développement de nos infrastructures et sur les orientations économiques et urbaines des prochaines décennies.

Sur le projet en tant que tel, les maires de Marseille et de Toulon souhaitent créer une ligne passant par leurs métropoles. Ce qui implique le passage par des aires géographiques très denses. Le passage par le Nord est beaucoup moins complexe car il traverse des zones beaucoup moins densément peuplés.

Passer par le sud, c'est une voie qui part de Marseille, défigure Aubagne et de nombreux villages et villes dont l'activité est clairement orientée sur l'agriculture ou le tourisme "bio". C'est massacrer des paysages magiques, des vignobles A.O.C., des villes en bord de mer qui ne profiteront en rien du passage du TGV. Je rappelle qu'une ligne TGV relie un point A et un point B. Entre ces points, l'apport du TGV est nul car il ne s'arrête pas.

Ce sont pour ces raisons que de nombreux élus commencent à se mobiliser. Je profite de l'occasion pour dire que je suis très déçu de l'absence des élus et militants du PS. La droite varoise prend position. Elle est certes divisée mais au moins les maires se sont positionnés, pour le oui ou pour le non. Nous avons contacté la fédération du PS du Var qui n'a pas daigné nous répondre. Seuls les Verts soutiennent notre combat. Nos comités appellent les militants et élus socialistes à donner leur position et ceux en accords avec nos idées à nous contacter.

Les tracés actuels sont techniquement complexes et très onéreux. Si la gare dans le centre-ville de Toulon est choisie, il n'est pas certain qu'elle soit possible techniquement. Et dans ce cas elle sera très chère. De plus, les "lacets" nécessaires pour relier les villes entre elles limiteront grandement les vitesses et donc le temps gagné par les voyageurs sur le tracé actuel.

La création d'une gare à La Seyne, avec comme corolaire des tracés par Sanary, est l'option la plus probable ; sauf que la proximité du port militaire pose de vrais contraintes.

Je finirai par un point sur les réunions organisés par RFF. Les techniciens de RFF obéissent aux choix des politiques. Les tracés actuels ne sont pas ceux qu'ils préfèrent. Ils font avec. Les témoignages sont nombreux à démontrer que ce sont les tracés les plus chers et les plus complexes qui sont étudiés à cause des maires de Marseille et surtout de Toulon.

Ce qui n'empêche pas d'ailleurs RFF d'utiliser des méthodes d'un autre temps pour avancer : je ne donnerai qu'un seul exemple, assez significatif. Nous avons demandé le 7 novembre lors d'une réunion "publique" ce que disaient les études sur l’environnement, la population, la géologie concernant les tracés. La réponse fut claire : "nous ferons les études après avoir déterminé le bon tracé"... A cette occasion, nous avons obtenu que RFF reconnaisse que la quasi-unanimité des présents refusait tous les tracés "SUD".

Il n'est pas encore trop tard pour intéresser à ce dossier. C'est le moment de se poser des questions, d'avoir une opinion et de se mobiliser pour faire bouger nos élus. Sur Sanary, ce n'est pas un hasard si le maire nous a rejoint. Plus de 4500 pétitions reçues par les comités anti-LGV ont sans doute pesé.

Le progrès, ce n'est pas permettre le développement des entreprises qui vont construire la ligne. Le progrès, c'est répondre aux besoins des habitants et donner des solutions pour les besoins des prochaines décennies. Aujourd'hui, nous avons besoin de trains plus fréquents vers Toulon et Marseille, avec des horaires plus fréquents que ceux actuels.

Combattre le tout-voiture est en effet une nécessité, dont l'alternative n'est pas le TGV.