Grave pénurie pour l'accueil du handicap en Seine et Marne

Seine et Marne : Parents et Professionnels dénoncent une pénurie de moyens inacceptable dans l’accompagnement des enfants en situation de handicap.

Nous, parents, soignants, enseignants, éducateurs, souhaitons affirmer ensemble notre indignation !

En Seine et Marne, la pénurie des solutions proposées aux enfants en situation de handicaps est intolérable !

Dans le cas de l’autisme, les récents travaux ou préconisations officielles (HAS, plan autisme), en prenant partie dans le débat idéologique, suscitent la polémique et détournent l’opinion du problème central  qu’est la très grave pénurie de moyens.

Au-delà de l’autisme, cette situation dramatique concerne les enfants souffrant de tous types de handicaps qu’ils soient psychique, sensoriel ou moteur. À ce jour, leurs droits d’accès au soin et à l’éducation (loi du 11 février 2005) est loin d’être respecté et bien souvent les familles affrontent ces carences dans la solitude.

Ces enfants sont souvent scolarisés dans des conditions très difficiles, qui se dégradent continuellement au fil des années.

La grande majorité des enseignants et des auxiliaires de vie scolaire (AVS) accueillant ces enfants, tentent d’adapter leur pédagogie, souvent sans formation ni soutien matériel. Les AVS sont attribuées avec une trop grande parcimonie, leur travail n’est toujours pas reconnu comme un métier et leur statut précaire.

De plus en plus d’enfants, parmi ceux qui auraient besoin d’un lieu plus sécurisant et spécialisé pour apprendre, sont maintenus à l’école faute de place en Institut Médico-Educatif (IME). Cela génère inévitablement, des situations de grande souffrance pour les enfants eux mêmes ainsi que pour leurs camarades et pour les enseignants.

Les établissements éducatifs spécialisés présentent actuellement des listes d’attente interminables (2 à 3 ans voire davantage). Malgré la situation, leurs demandes d’extension n’ont pas abouti ces dernières années.En outre, en IME comme à l’Ecole, le manque de moyens et de personnel ne permet pas toujours de proposer un étayage suffisant.

 

Quant aux dispositifs d’accompagnement et de soin, qu’ils relèvent du secteur sanitaire ou médico-social (CAMSP, SESSAD, CMP, CATTP, HDJ…), ils font face à une augmentation sans précédent des besoins. Cette augmentation s’explique de nombreuses façons : très forte croissance de population sur les villes nouvelles*, population fragilisée, augmentation de la prévalence du handicap, manque d’alternatives en secteur libéral.

Paradoxalement, alors que la Seine et Marne se trouve déjà aux plus bas niveaux d’équipement en France*, de nombreux lieux de soin voient leurs moyens et effectifs se réduire inexorablement (problème de recrutement, gel de postes, objectif de réduction des dépenses).

Si quelques unités ont été crées récemment, elles ont été très rapidement saturées et comme les projets sont faits à moyens constants, d’autres unités ont été fermées.

De plus, la dégradation des conditions d’accueil des enfants en journée, augmente considérablement la charge de travail des soignants et entame les bénéfices du soin.

 

Par ailleurs, il est regrettable que des instances comme l’ARS et la MDPH n’assument pas pleinement leurs rôles respectifs de planification de l’offre et de guide à l’orientation. Ainsi, confrontées au handicap, les familles découvrent, au-delà de la pénurie, un paysage sanitaire et médicosocial inégalitaire mais aussi très complexe, peu lisible voire opaque et parfois, franchement morcelé.

Malgré les efforts et l’expertise des professionnels accompagnant ces familles, il est devenu très difficile d’assurer l’orientation et la continuité des soins.

À ces problèmes de pénurie et de morcellement des prises en charge s’ajoutent les obstacles administratifs fréquents qui compliquent considérablement les démarches et le quotidien des familles.

L’ensemble de ces écueils est trop souvent à l’origine de dramatiques ruptures de prise en charge et de graves régressions de l’état de santé des enfants, y compris lorsque des progrès importants avaient été possibles.

Sans aucune perspective d’accueil et au prix de lourdes conséquences, il n’est pas rare que les familles soient contraintes de garder leur enfant au domicile ou d’accepter un éloignement géographique important (vers la Belgique ou ailleurs).

Puis, ces enfants deviennent adultes et trouvent une situation de pénurie encore plus profonde.

 

Par ce texte, parents et professionnels souhaitent témoigner ensemble de la gravité de la situation et demandent que les points suivants soient mis en œuvre :

  • Déployer enfin les moyens nécessaires pour soutenir l’intégration des enfants handicapés à l’Ecole, dans des conditions favorables à l’épanouissement de tous.
  • Permettre et pérenniser le recueil des besoins.
  • Donner au système une certaine réactivité pour créer des places en établissements spécialisés en fonction de ces besoins.
  • Renforcer et rendre les soins et l’accompagnement accessible à tous.
  • Organiser la planification de l’offre d’accueil et de soins afin de la rendre plus lisible, cohérente, accessible à tous sur tout le territoire ; ce qui sécuriserait le parcours de chaque enfant.

 

*Mission d’accompagnement à la réduction des délais de premier rendez-vous dans les CMP infanto-juvéniles de Seine et Marne (ARS Ile de France, 2014)

 

Glossaire:

HAS : Haute Autorité en Santé; CAMSP : Centre d’Action Médico Sociale Précoce; SESSAD : Service d’Education et de Soin à Domicile; CMP : Centre Médico Psychologique; CATTP : Centre d’Action Thérapeutique à Temps Partiel; HDJ: Hôpital de Jour; ARS : Agence Régionale de Santé; MDPH: Maison Départementale des Personnes en situation de Handicap

 

Parents, enseignants, éducateurs, soignants, citoyens, nous pouvons agir ensemble. Soutenez l’appel en signant ce texte en ligne.

Vous pouvez aussi rejoindre le collectif en écrivant à collectifaesh77@gmail.com

Premiers signataires du texte :

Muriel ALLANIC (assistante sociale), Dalila AOUADI (parent), Jean Noel et Céline AZOR (parents), Olivier BAERT (psychologue), Florent et Magali BEAUFORT (parents), Stéphane BERTHIN (membre du Collectif santé MLV), Catherine BLONDE (médecin généraliste), Christine BOULEY (psychomotricienne), Jean Paul CHARDON (pédopsychiatre), Audrey CAGNANT (éducatrice), Christine CRISPIN (maire adjointe Torcy), Carmen DANELON (psychologue), Valérie DELOULAY (enseignante), Véronique DE ZAN (orthophoniste), Mme DUBOIS (psychomotricienne), Marion DUGUET (pédopsychiatre), Myriam GAILLARD (assistante sociale), Annie GAUJAC (médecin de PMI), Christine GODARD (psychologue), Mireille GUILLOU (membre du Collectif santé MLV), Isabelle HUGUENET (orthophoniste), Julie JACOB (psychologue), M et Mme KCHOUK (parents), Danielle KLEIN-POUCHOL (vice présidente CA du val Maubuée), Isabelle KOWALSKI (psychologue scolaire), Stéphanie LACOSTE (pédopsychiatre), Céline LALIRE (directrice de CMPP), Miriam LAURENT (pédopsychiatre), Mme GOUBAULT (psychomotricienne), Francis LEMBREZ (citoyen), Michel LHANDE (chef de service SAAAIS), Corinne LUCCA (secrétaire médicale), Mme MATHIEU (secrétaire médicale), Jacques MILHAS (citoyen), Maryse MOLL (citoyenne), M et Mme NEGILARAJAH (parents), Liliane N’ZIENDOLO (parent), Sophie RICHARD (assistante sociale), Nicolas ROCHEREAU (parent), Aliette SALLEE (pédiatre), Christine SAUTREUIL (orthophoniste), Ludovic SAUTREUIL (psychomotricien), Fabienne SERRANO (médecin généraliste), Jean Bernard SHAKI (membre du Collectif Santé MLV), Michel et Martine STEMPER (enseignants), Séverine THIOUST (parent), Juliette TORRE (psychologue), Odile VITTE (directrice CSA APA APS Contact), Catherine ZILLIOX (pédopsychiatre), Marie Claire ZORGNOTTI (psychomotricienne)

 

 


Collectif pour l'Accueil, l'Education et le Soin aux enfants handicapés de Seine et Marne    Contacter l'auteur de la pétition