Sauvons la Danse à Toulon


Visiteur

/ #31 un danseur

2012-03-12 03:29

Je reprends certaines phrases avec lesquelles je suis parfaitement d'accord. Merci pour ces éclairages.
"Ici cette pétition ne parle pas de la grandeur du ballet ni de sa reconnaissance nationale, mais d'un art qui disparait"
"La colère ne doit pas vous envahir à la lecture de telle ignominie"
"...la compagnie a navigué sans un vrai capitaine, alors qu'avec une vrai cohérence artistique il y avait de quoi en faire un bijou"
"Les pouvoirs publics ont entre autre mission de développer l'art et la Culture, gage d'élévation intellectuel et civilisationnel, pas de les détruire."

Nous sommes en crise, je suis en crise, la violence des mots est là: c'est mon opinion et le principe même d'un blog ouvert. Un visiteur me demande de développer ma critique, je m'y risque il est déjà tard. Mon propos va au-delà de cette pétition, j'en suis bien conscient. Il ne sera que de peu d'utilité pour cette juste cause.
L'opéra, le ballet, la danse classique sont pour moi une représentation de forces normatives et de contrôles qui pèsent sur les corps. Vous l'aurez compris, je critique plus le corps-modèle de notre société contemporaines que la présente pétition: je suis hors sujet. Mais bon...Je réagis contre l'idée du corps unique, virtuose modelé par le ballet ou les standards sociaux. Je réagis contre ces personnes aveugles et éblouis par les représentations d'un corps de ballet en déroute. Je réagis contre l'image qu'on certains de la danse, de la "belle danse" et des corps bien faits. Je souhaite résister, avec toute ma maladresse, et mon acidité naturelle.



Le corps que façonne l'Opéra m'apparaît désuet, j'aspire à des modèles pluriels, à des normes physiques moins unilatérales et rigides
Le ballet me semble être un spectacle de propagande modelant des corps étirés, aériens: il promeut une image du corps qui résonne étrangement avec les normes sociales médiatisés: un corps idéalisé où se sont lissées les différences, un corps supérieur, bref un  corps de ballet...
Je refuse un peu le modelage uniformisé de cette danse, de ces corps, cela me semble dépassé et dangereux. Pour y parvenir, l'enseignement classique "à la dur", voir "à la rien du tout" avec son lot d'écoles miteuses bardés de profs exagérément frustrés: il faut y penser et le repenser. Pauvres enfants! Leur parents sont loin d'imaginer cette discipline comme un assujettissement des corps. Mais pour la grandeur et le fleuron de la culture Française, on peut fermer les yeux sur certaines questions pédagogiques essentielles. Bien entendu, il existe encore des enseignants ouverts et soucieux de moins d'évaluation abusive, sanction, examen etc.. autant de modalités contrôlant les corps et les esprits.
Le maître de ballet, quand il ne s'est pas endormi sur son contrat renouvelable à l'infini, assure le bon ordre de la troupe, il lisse les écarts, contrôle son pianiste, corrige les danseurs, hiérarchisés jusqu'à l'étoile....l’Étoile. Ouahh... "Au bout du tunnel brillera l'étoile". Une institution académique comme l'Opéra trahit une certaine esthétique idéale: jeunesse (pardon jeunisme?), minceur (extrême pour quelques unes non?- mais l’exigence de minceur n’est pas nouvelle), malléabilité, infantilisation permanente, évincement des anomalies, sourire scènique quasi permanent et figé, masquant la douleur ou le bonheur, au choix… Tout semble immuable. Malgré tout, une discrète mais apparente pression interne du système et des danseurs peut s'entrevoir aisément, enfin je trouve.
Les grands noms cités dans un post précédent, danseurs Étoiles (de Paris), me font penser à une référence basé sur l'élitisme, une logique individualiste, incitant au narcissisme (dur de travailler sans le miroir, allez impossible même) et qui finalement risquent de nous détourner d'enjeux plus importants.

La culture, et la danse en particulier doit être une priorité, particulièrement à l'approche des élections. Mais je ne suis pas politique, ni décideur, juste un danseur (n'en déplaise, pas pseudo) Pour l'Opéra et son corps de ballet, il faut donc élaborer des stratégies de résistances. Lui, le danseur n'est pas capable de résister dans ce sens, il n'en a pas la volonté, ni même la culture, comme celle organisée du chanteur lyrique. Le danseur sera la victime, c'est dommage mais c'est prévu.

Ne pas fermer cette structure, surtout pas! Je dirai qu'il faut réinventer et parier sur la création.
Ou bien alors danseurs, sauvez vous du ballet de l'Opéra de Toulon, sauvez vous, avant d'être totalement déshonoré.
Quand on a pas d'autres moyens, la fuite est élogieuse. Merci de m'avoir lu jusque là.