Depuis 35 ans que je pratique ce magnifique métier de médecin du travail, il ne se passe pas un jour sans qu'un ou plusieurs salasiés soient soulagés d'avoir pu s'exprimer à un professionnel de santé qui connaisse par coeur ses conditions de travail.C'est en voyant régulièrement tous les salariés d'une entreprise que l'on peut exercer notre rôle de conseiller auprès des employeurs et assurer une veille sanitaire correcte.La recrudescence des RPS et des TMS est inquiétante et nous avons notre rôle à jouer. Sans la médecine du travail l'amiante ,le plomb envahiraient nos lieux de vie, le bruit continuerait à rendre sourd 20% des retraités.Sauvons la médecine du travail en formant des médecins volontaires.Je suis moi-même tutrice d'un collaborateur médecin et je prends cette responsabilité très à coeur.

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 Oui, un magnifique métier que j'ai adoré moi aussi. Pivot entre le monde de la santé et le monde de l'entreprise, nous sommes payés pour faire valoir ce bien précieux qu'est la santé, pour ne pas qu'elle se dégrade du fait du travail, pour qu'elle soit prise en compte lorsque pathologie il y a, pour conseiller les partenaires de l'entreprise dans l'aménagement de postes adaptés, pour adapter des postes pour les salariés handicapés et permettre ainsi leur maintien dans l'emploi, pour informer sur les risques du travail, maladies professionnelles, TMS, RPS... Et cela dés l'embauche.

Une expérience de 20 ans en service autonome me fait affirmer que ce n'est pas une utopie, que nous avons un véritable rôle à jouer - ni pour, ni contre l'entreprise, mais avec notre responsabilité propre qui est d'oeuvrer pour la santé des salariés, et uniquement pour cela. Nous subissons des pressions? Bien sûr, et nous apprenons à y résister, et à ne pas attendre trop de reconnaissance mais heureux quand même quand nous sommes chaleureusement remerciés par un salarié que nous avons accompagné.  

Les IPRP et les infirmières? J'ai travaillé avec les uns et les autres avec bonheur à partir du moment où cela ne morcelait ni mon travail ni mes responsabilités, et que j'avais la liberté de coordonner réellement l'équipe.

Par contre j'ai tenu et je tiens toujours à conserver les 2 piliers de notre métier: les consultations régulières que je ne délègue qu'avec prudence - notre collègue le dit très bien, c'est la meilleure façon de recueillir des éléments de diagnostic sur l'entreprise. Et l'étude des postes de travail, pour bien en comprendre la nature, les contraintes, les interactions, les caractéristiques managériales etc...  

J'exerce toujours ce métier mais je ne l'aime plus: en SST maintenant je déplore la suprématie des administratifs, la perte de sens de nos actions sur le milieu de travail depuis ces fameux CEPOM avec leurs indicateurs, leurs injonctions, leurs objectifs... et l'ingérence de métiers qui ne connaissent rien à la santé au travail. Perte de sens avec ces législations incompréhensibles depuis une dizaine d'années qui vont toutes dans la même direction: saper à la base les fondements d'un métier, nous priver des faibles moyens que nous avions pour représenter et défendre la santé des salariés dans les entreprises.