Comité de soutien pour l'expression et les libertés syndicales


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/ #194 Re: deux poids deux mesures

2012-02-20 01:05

#1: didier deplanque - deux poids deux mesures 

 

La fermeture définitive de Florange se profile

http://www.lefigaro.fr/medias/2012/02/19/401685f4-5b19-11e1-b10f-1cf411e08fe4-49...


Manifestation CGT devant l'usine Arcelor Mittal de Florange, en septembre dernier.

ArcelorMittal a prolongé au moins jusqu'à fin juin, la fermeture des hauts-fourneaux de Florange en Moselle.

http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif...

«Nous allons mettre les patrons de Florange au chômage en prenant le contrôle de l'usine». Edouard Martin, représentant de la CFDT au Comité d'entreprise européen d'ArcelorMittal, se veut offensif. L'occupation du site, prévue demain, est une conséquence directe de la prolongation jusqu'au 30 juin de la fermeture des deux hauts-fourneaux de Florange, les derniers de Lorraine. «La direction nous à fait comprendre que, sauf miracle, cette fermeture se prolongerait toute l'année,» poursuit Edouard Martin.

Depuis plusieurs mois, le premier producteur mondial d'acier a multiplié les annonces visant à réduire ses capacités de production. Espagne, Belgique, France mais également Roumanie et République tchèque ont été touchées. Aujourd'hui, seuls les hauts-fourneaux de Liège ne rouvriront jamais. Les autres fermetures sont, pour l'instant, temporaires.

Une mesure temporaire réaffirmée au ministre, Eric Besson

Hervé Bourrier, président d'ArcelorMittal France, a réaffirmé ce caractère «temporaire» à Eric Besson, ministre de l'industrie, la semaine dernière. Les salariés comme les syndicalistes craignent pourtant de plus en plus que cette fermeture ne devienne définitive. Les indices qui vont dans ce sens commencent à être nombreux.

«Un haut-fourneau est conçu pour tourner en permanence, explique un spécialiste du secteur. Il se dégrade lorsque ce n'est pas le cas.» Le premier haut-fourneau de Florange est fermé depuis juin. Le second depuis octobre. Et les investissements de maintenance sont réduits. Quelques uns ont été réalisés en fin d'année dernière mais «il n'y a plus rien depuis un mois et demi» constate François Pagano, délégué CFE-CGC. «L'outil industriel se dégrade, se désole Edouard Martin. Avec le froid, certaines conduites ont éclatées.» Pire: «Les fondeurs commencent à être reclassés dans le groupe. Les dirigeants ne s'y prendraient pas autrement s'ils comptaient fermer Florange.»

La reprise des commandes n'a pas changé la donne

La reprise des commandes n'a pas permis de relancer l'usine. Aditya Mittal, directeur financier d'ArcelorMittal, a expliqué lors de la publication des résultats 2011 que «les expéditions sont bien meilleures qu'au 4e trimestre 2011, mais nous sommes encore loin des volumes de 2006, 2007 et 2008». Ce qui n'a rien d'étonnant, ces années étant excellentes.

François Pagano explique que «la business unit Nord, qui comprend Dunkerque, Florange, le Benelux et l'Allemagne, a enregistré 3,7 millions de tonnes de commandes pour le deuxième trimestre 2012 alors que ses capacités de production sont de 3,8 millions. Les usines tournent donc à 97 % de leur capacité. A un tel niveau, il serait possible de rouvrir Florange afin d'éviter un éventuel engorgement.»

Finalement, la fermeture serait conforme à la stratégie du groupe de se concentrer sur les très grandes unités de production en façade maritime, à Dunkerque et Fos sur mer en France ou Brème en Allemagne. Les justifications avancées pour la fermeture de Liège semblent ainsi parfaitement applicables à Florange. «ArcelorMittal envisage un gain de 56 euros par tonne qui serait à porter au crédit de la fermeture de Liège et du transfert de la production de brames (NDLR: matière première utilisée pour la fabrication des tôles) vers Dunkerque» précise le cabinet Laplace Conseil, dans une étude commandée par la région wallonne. Le gain avancé est identique à Florange: «Les dirigeants d'ArcelorMittal expliquent que faire venir des brames depuis Dunkerque fait gagner 50 euros par tonne,» confirme François Pagano.

Avec la multiplication des actions «coup de poing», certains comptent bien mettre Florange au cœur de la campagne électorale actuelle. «Obtenir un engagement formel d'une entreprise privée semble compliqué,» reconnaît pourtant l'entourage d'Eric Besson. Une conclusion à laquelle adhère François Pagano pour qui la seule solution est de «convaincre Lakshmi Mittal de l'intérêt économique de Florange».

 


 

«Ulcos» ou le dernier recours

Tous les acteurs de l'acier lorrain citent le projet Ulcos, acronyme anglais pour «processus sidérurgique à très basses émissions de CO2», comme planche de salut de Florange. Lancé en 2004, il s'agit d'un programme visant à trouver de nouvelles techniques permettant de produire de l'acier avec moins de dioxyde de carbone (CO2). Les investissements pour le mener à bien sont colossaux: 650 millions d'euros! Le gouvernement français a d'ores et déjà promis 150 millions d'euros de financement. Et Bruxelles pourrait amener 250 millions supplémentaires. Les dirigeants d'ArcelorMittal ont promis de lancer Ulcos, et d'apporter le solde du financement, si les aides européennes sont accordées.

Sauf que plusieurs écueils ont surgi ces derniers mois. D'abord techniques. Les procédés développés par Ulcos font appel à la capture et au stockage de carbone. Or, des spécialistes commencent à remettre en cause cette technique tant pour des raisons environnementales que d'efficacité.

Ensuite, le prix des quotas de CO2 s'est effondré ces derniers mois, rendant les projets visant à réduire les émissions de CO2 moins pressants à mettre en œuvre. Et rien ne permet de penser que les prix vont rapidement remonter. En période de difficultés économiques, comme c'est le cas actuellement, les entreprises risquent d'être réticentes à investir dans de telles technologies s'il n'y a pas de conséquence financière immédiate.

Au final, il ne fait guère de doute qu'ArcelorMittal prendra la décision de relancer, ou pas, Florange sur la base des seuls critères économiques. «La direction d'ArcelorMittal nous a clairement indiqué que Florange redémarrait si le marché le justifie, et pas uniquement si Ulcos voit le jour», précisait récemment Michel Liebgott, député de la région de Florange.