ON NE VEUT PAS DE MIGRANTS DE CALAIS A ÉTUEFFONT

Pascal

/ #68

2015-12-21 18:42

Holà ! Que de relents des vilaines années françaises nimbent ce salon de libres échanges. Je lis ici les mots précurseurs à la logique des conflits et perçois là leur tonalité comme annonciatrice des petits matins gris. Que se passe t’il donc à Etueffont ? Ce village rendu paisible et offrant une qualité de vie incomparable grâce à la lucidité de certains ( !?)
Il se passe exactement ce que je pensais qu’il arriverait un jour, nourrissant l’espoir qu’Etueffont fut épargné le plus longtemps possible. Il se passe que oui, j’ai trouvé à Etueffont la paix et la qualité de vie recherchée. Mais il se passe aussi, que mes craintes de les perdre aujourd’hui prennent le pas sur mon optimisme à les voir revenir et tout l’inconfort de la situation est de considérer que ma crainte d’aujourd’hui est en partie causée par ceux là même qui avaient su créer la tranquillité Taffione, hier. De gauche ou de droite, œuvrer pour la sérénité des habitants d’un village est un fait digne et remarquable. De gauche ou de droite, jouer le père noël avec l’argent des contribuables, distribuer des leçons de civisme, maquiller les vérités, dénier les évidences, édulcorer les réalités, détourner les esprits, inciter au vote socialement transmissible au nom du retour à la citoyennitude et de la pérennité de la République c’est grandement prendre les Français pour des cons. Et çà, pour moi, c’est affligeant tant qu’insupportable. Si Etueffont accueille aux forceps une trentaine de migrants réfugiés demandeurs d’asile ça n’est pas plus de la faute du maire qu’à cause du front national. Une trentaine d’hommes disséminés dans autant de villages paisibles c’est neuf cent personnes à compter en moins à Calais. Tout bien pour celui qui, grâce au bon résultat des dernières élections, va pouvoir annoncer l’embellie de la jungle, moins bien pour celui qui devra assurer la sérénité rurale à l’arrivée de ce nouveau cota populaire dépendant du … résultat des dernières élections.
Comme il semble évident que le préfet, faute de disponibilité sans doute, n’est pas prêt à accueillir une trentaine d’âmes en son humble demeure ou dans les bâtiments vides des quartiers militaires nous n’avons plus qu’à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Oui mais voilà, imposer, à ceux qui ne peuvent plus partager ce qu’on leur a déjà repris, de donner, même à ceux qui n’ont plus rien, avant de sortir les flingues pour défendre ce qu’il leur reste, me paraît pour le moins téméraire. Ajoutons à ça la récurrence des mots migrants, extrémistes, crises ou religion ornant toutes les premières de nos infos depuis des décades et nous avons … Etueffont.
La niaiserie générale du moment consiste à croire et à faire croire qu’un évènement social inscrit dans l’histoire est reproductible à volo. Que les Français qui ont jadis accueilli des vagues d’émigrés sont ceux auxquels on impose aujourd’hui, la bienpensance, la bienveillance, la bienséance et la générosité des bons sens. Hélas non ! La France de 2015 n’est plus celle des trente glorieuses. A qui la faute, encore une fois, pas plus au premier magistrat d’Etueffont qu’à une vague frontiste. La faute ne peut qu’être collectivement Française. Il suffit de considérer tous les ingrédients sociaux, financiers, philosophiques ou religieux déposés pendant une soixantaine d’années dans la hotte d’un père noël un peu utopique et pas très précis sur les rennes, au premier (ou au dixième) gendarme allongé … patatras ! C’est le bordel au travers de la route et au milieu des débris personne n’y retrouve son compte. Tout ça pour dire ma colère à l’égard des auteurs de la déliquescence européenne, nationale et régionale mais aussi de ses acteurs, de ses figurants et des souffleurs sans oublier ceux qui font la force, ceux qui font vivre cette grande comédie : les spectateurs. Vous et moi. Personnellement je n’applaudis plus guère, ces spectacles m’affligent et pourtant j’y assisterai jusqu’à ce qu’on me l’interdise. Alors comment calmer les esprits ? Puisqu’il m’insupporte qu’on me dise ce que je dois faire d’une part et que je suis un spectateur d’autre part, je n’ai aucune légitimité à émettre un avis, pire encore un conseil à qui que ce soit. Par contre, mon statut de spectateur m’autorise à exprimer librement quelques vifs regrets à ne pas voir nos nouveaux déracinés voisins pris en charge par ceux qui affichent si généreusement leur belle idéologie altruiste. Reçus individuellement dans une bonne famille, aidés comme il se doit à effectuer leurs démarches administratives de reconnaissance, accompagnés autant que faire se peut dans la direction qu’ils ont initialement choisie, soutenus dans leur démarche d’intégration leur procureraient sans doute plus que les faux semblant du club med actuel. Mon second regret n’est autre que l’expression de mon écœurement à entendre et voir une part d’élus locaux, prêter plus d’oreille et de crédit aux vœux d’un préfet qu’aux états d’âme de leurs proches citoyens, quitte à devoir gérer l’inévitable comme il me semble que ce soit le cas.