Migrants : le Pays Voironnais doit être solidaire

RLF Voironnais

/ #32 Forum des associations d’accompagnement au Accueil des migrants (Dauphiné L, 10 oct. 2015)

2015-11-12 11:42

lls sont militants depuis la première heure. Ils représentent les collectifs d’associations qui viennent en aide aux migrants venant de Syrie ou d’ailleurs. Et, aujourd’hui, ils lancent un appel à toute la population et aux institutions pour une meilleure coordination des moyens.

 

C’est un appel au réveil des consciences, un appel aux citoyens comme à la préfecture de l’Isère. Le réseau Alerte, le Cisem et Migrants en Isère, trois collectifs qui représentent 80 associations iséroises, organisent un forum aujourd’hui dès 10 heures au Jardin-de-Ville à Grenoble. Un forum pour un accueil digne et solidaire de tous les migrants. Une formule lancée comme on fait un vœu après le choc qu’a provoqué la photo du petit Aylan, syrien kurde, mort, échoué sur une plage turque. C’est aussi pour eux l’occasion d’informer et de tordre le cou aux idées reçues. « Le problème n’est pas nouveau. Si les gens quittent leur pays, c’est pour fuir l’horreur de la guerre », commence Jo Briant du Cisem, qui se réjouit de voir que la Ville de Grenoble s’est portée volontaire pour l’accueil des Syriens. À la suite de l’annonce de l’accueil de 24 000 Syriens en France en tant que réfugiés, Grenoble s’apprêterait à accueillir environ 400 personnes sur une période de deux ans. Un nombre que Jean-Paul Bonnetain, préfet de l’Isère, ne confirme pas. De son côté, la Métropole s’est engagée à accueillir 100 personnes et à les accompagner sur trois ans.

« Mais nous ne voulons pas réduire la question des migrants à l’accueil des Syriens, prévient Alain Nouvelot d’Alerte, il y a déjà des migrants à Grenoble. Aujourd’hui, on a dénombré 1 900 personnes qui n’ont pas de solution d’hébergement pérenne et, parmi eux, il y a même des Français. Des solutions sont possibles, la Fondation Abbé-Pierre a acheté 17 caravanes qui seront installées sur un terrain à Fontaine et cela coûte bien moins cher que les chalets au Rondeau ».

Pour ces militants de la première heure, le problème réside dans le manque de coordination. Ce matin, ils espèrent pouvoir coordonner l’offre des citoyens bénévoles et volontaires. La Ville de Grenoble a mis en place une plateforme à la Maison de l’international et a recueilli environ 300 propositions de bénévolats.

L’hébergement d’urgence a coûté 8 millions d’euros

« Aujourd’hui, nous allons présenter le panorama de soutiens aux étrangers, nous voulons montrer la générosité des Grenoblois face au discours xénophobe », ajoute Denis Hatzfeld de la Cimade qui rappelle qu’à l’heure actuelle, peu de Syriens ont répondu à l’offre de l’OFPRA (Office française des réfugiés apatrides) qui s’est rendu dernièrement en Allemagne. « Pourquoi ? Parce que la France n’est pas réputée par son offre de travail alors que beaucoup de Syriens sont qualifiés. Un migrant ne prend pas le travail d’un Français, tous les économistes vous diront que les migrants, une fois qu’on leur permet de travailler, font appel à leur propre réseau, ils se débrouillent, mais encore faut-il leur permettre de travailler et, là, c’est la préfecture qui décide », dit-il avant de donner des chiffres : « L’hébergement d’urgence a coûté 8 millions d’euros, c’est cher parce qu’il n’y a pas de concertation ».

Seulement, et c’est une question que beaucoup se posent : comment accueillir davantage de migrants quand on sait que ceux qui sont déjà là ne trouvent pas de solution pérenne ?

Et c’est Bernard Pouyet, de Migrants en Isère, qui répond par d’autres questions : « pourquoi la sixième puissance du monde n’arrive-t-elle pas à traiter ce type de problème ? Est-on capable de dépasser la culture de la méfiance et de repli sur soi ? Si on n’y arrive pas à Grenoble, on n‘y arrivera nulle part ».