Pétition pour maintenir l’agrégation d’histoire de l’art

Pétition pour maintenir l’organisation de l’agrégation d’histoire de l’art en FWB, adressée à la Ministre de l’Éducation, Caroline Désir et à la Ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny. 

Dans 3 ans, les historien·ne·s d'art ne pourront plus enseigner l'histoire de l'art! Du surréalisme à la belge? Non, un projet navrant, humiliant pour la profession et dommageable pour les élèves.

En effet, le décret de la Formation initiale des enseignants qui a été voté le 02 février 2022 et applicable à partir de 2025, supprime l’agrégation d’histoire de l’art, enlevant la possibilité aux futur·e·s historien·ne·s de l’art d’enseigner. 

Or depuis 2016, la nouvelle réglementation des Titres et Fonctions valorise l’importance d’une formation spécifique en donnant la priorité aux professeur·e·s pour qu’iels enseignent la matière pour laquelle iels sont qualifiée·e·s. 

Alors que cette réforme des titres permet une reconnaissance de la qualification des enseignant·e·s et participe à un enseignement de qualité, le nouveau décret contredit cette exigence nécessaire quant à l’histoire de l’art. 

Les cours d’histoire de l’art et d’analyse esthétique sont dispensés dans toutes les options artistiques du secondaire, dans plusieurs établissements proposant des activités complémentaires ainsi que dans les Académies des Beaux-Arts. Cela n’a pas d’implication pour les enseignant·e·s en place, mais les futur·e·s étudiant·e·s d’histoire de l’art n’auront plus accès à la profession d'enseignant.

1. Une disparition qui va à l’encontre d’une reconnaissance de la qualification des enseignant.e.s

Si les historien·ne·s de l'art ne peuvent plus enseigner l’histoire de l’art dans le secondaire, seul·e·s les professeur·e·s d’arts plastiques pourront dorénavant enseigner cette matière, alors qu’iels sont essentiellement formé·e·s à une pratique. Tandis que les historiens d’art sont formés pendant 5 ans à l’étude des œuvres, leur contexte, leur dimension matérielle, humaine, culturelle, sociale, esthétique,... Les agrégés en arts plastiques n’ont au cours de leur formation que deux heures par semaine de cours d’histoire de l’art, ce cours ne représente qu’une toute petite fraction par rapport à la totalité des crédits du cursus. Ces étudiant·e·s sont formé·e·s pour devenir artistes et non historien·ne·s de l’art. Les méthodes pédagogiques des cours de pratique artistique sont fondamentalement différentes des méthodes pédagogiques de l’enseignement de l'histoire des arts.

Les historien·ne·s d’art disposant d’un titre AESS (agrégation de l’enseignement secondaire supérieur) sont les personnes les plus adéquates auprès des élèves pour enseigner le cours d’histoire de l’art car iels ont reçu une formation complète, tant du point de vue de leur bagage disciplinaire que du point de vue didactique. L’enseignement de l’histoire de l’art auprès des jeunes ne pourra que pâtir de cette suppression programmée.

2. Une équipe variée pour une formation de qualité

Il est extrêmement intéressant pour les élèves d’être en contact avec des adultes aux profils variés, notamment du point de vue disciplinaire. Il est évident qu’une équipe composée de scientifiques universitaires et d’artistes pédagogues est plus riche et pertinente qu’une équipe monodisciplinaire. L’élève perçoit les nuances qui constituent les approches des un·e·s et des autres, des méthodes qui divergent et se complètent. Par extension, iel se forme progressivement à la complexité du monde et aux méthodes plurielles à envisager pour le comprendre.

3. Développer chez l’élève la capacité d’analyse et la structuration

Pour les élèves inscrits dans des options artistiques, il ne s’agit pas uniquement de créer, mais de savoir se présenter, verbaliser un projet et un processus, défendre des idées et aussi préparer des examens d’entrée pour les écoles supérieures. Plus largement, les jeunes qui fréquentent l’enseignement artistique ont besoin d’un appui renforcé pour développer une réflexion structurée, construite avec rigueur et méthode.

Le cours d’histoire de l’art, en étant actuellement dispensé par des spécialistes, permet aux élèves de développer ces outils nécessaires : capacité de prise de recul, analyse à l’aide d’outils structurés, analyse critique, mais aussi ouverture à l’actualité, connaissance de soi et de ses émotions esthétiques.

4. Une approche chronologique nécessaire

Les élèves des 2e et 3e degrés de l’enseignement artistique de qualification n’ont plus de cours d’histoire balayant systématiquement toutes les périodes, iels ont un cours d’histoire insistant principalement sur l’époque contemporaine. En inscrivant la création artistique dans une chronologie (depuis la Préhistoire jusqu’au 21e siècle), l’historien·ne  de l’art offre aux élèves une “colonne vertébrale” solide, des repères et des bases bien utiles pour envisager ensuite (ou en parallèle) des approches transversales et thématiques. Les données historiques, les noms d’artistes, leur biographie, les éléments de contexte culturel sont envisagés avec méthode et en lien avec l’analyse des œuvres.

5. Un profil spécifique qui permet des ponts avec les autres matières

La formation des historien·ne·s de l’art leur permet de proposer aux élèves des ponts avec d’autres cours ou domaines : littérature, philosophie, histoire, sociologie,… En effet, l’université organise une formation avec des ouvertures vers d’autres sciences humaines. Ce relais apparaît comme essentiel, spécifiquement dans les options artistiques où l’élève est invité·e à exprimer des idées sur base de références culturelles. Les historien·ne·s de l’art permettent aux élèves d’appréhender la création artistique sous des angles multiples et d’envisager la complexité des civilisations qui ont vu naître ces créations. En outre, ces civilisations et courants artistiques sont la plupart du temps abordés dans un contexte de sensibilisation aux problématiques actuelles, et s’inscrivent alors dans le programme plus large d'éducation à la citoyenneté.

Ce profil particulier (sorte de plaque tournante) permet donc aussi la création de cours en partenariat avec les professeur·e·s d’art mais aussi avec les enseignant·e·s de français, de formation historique et géographique, de religion, de morale, ou de formation scientifique. Les programmes recommandent tous que les équipes d’enseignant.e.s œuvrent à la réussite de l’élève dans la complémentarité et la richesse de leur profil.

6. Un acteur privilégié du PECA (Parcours d'Éducation Culturelle et Artistique)

Les agrégé·e·s en histoire de l’art sont bien évidemment des acteurs privilégiés dans le cadre du PECA au sein de leurs écoles.

D’autre part, les détenteur.rice.s de l’AESS en histoire de l’art travaillant dans les musées sont aussi des partenaires privilégiés parce qu'iels connaissent le monde de l’enfance et de l’adolescence dans le cadre scolaire. Iels pourraient représenter des partenaires de choix dans le contexte d’un soutien indispensable à apporter aux titulaires des classes, dont la formation ne permet pas l’acquisition des connaissances pourtant attendues par la Fédération Wallonie Bruxelles.

Dans le cadre des partenariats entre les écoles et les diverses instances culturelles, l’agrégation en histoire de l’art forme des personnes relais dont le profil correspond parfaitement. 

7. Débouchés pour les étudiant·e·s 

Les études d’histoire de l’art offrent aujourd’hui peu de débouchés professionnels. Retirer la possibilité d’enseigner à des jeunes passionné·e·s, et qui ne demandent qu’à transmettre, risquerait non seulement de démotiver bon nombre de futur·e·s étudiant·e·s, mais aussi d’impacter le taux d’inscriptions dans la filière histoire de l’art et archéologie, indépendamment de l’AESS. Cette agrégation forme non seulement des futur·e·s enseignant·e·s, mais se révèle souvent indispensable pour qui veut travailler en tant que médiateur.rice.s, ou guides dans les musées ou les institutions culturelles, un métier dont le statut est lui aussi fragilisé actuellement.

En outre, et dans un contexte de pénurie d'enseignant·e·s, les agrégé·e·s d’histoire de l’art ont le titre suffisant pour donner certains cours de sciences humaines. 

8. Importance de garder des historien·ne·s de l’art

Dans une société toujours plus imprégnée par la culture de l’image, les historien·ne·s de l’art représentent des acteur·rice·s essentiel·le·s, en offrant une approche non seulement esthétique, mais aussi critique du monde dans lequel nous vivons, de ses enjeux sociétaux, passés et contemporains. L’histoire de l’art, ainsi que l’analyse de l’image en général, qu’elle soit abordée en classe ou dans les musées, s’inscrit dans une démarche d’éducation permanente, offrant à chacun.e de devenir des citoyen·ne·s conscient·e·s et actif·ve·s.


Cécile Heureux, Anne Hustache, Joëlle Petit et Anne Pintus, professeures d'histoire de l'art    Contacter l'auteur de la pétition

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