PÉTITION - Non à l'augmentation des parcomètres sur le Plateau


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/ #363 NO PARKING?

2010-11-29 17:33

Article de Paul Lewis (directeur de l'Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier de l'Université de Montréal) paru dans Le Devoir le 29 novembre 2010:

Quelles solutions apporter aux difficiles problèmes de stationnement dans les quartiers centraux de Montréal? Les débats récents sur le Plateau-Mont-Royal montrent que la partie n'est pas gagnée pour ceux qui cherchent à réduire la dépendance automobile à Montréal. Le maire de Montréal a convenu d'un moratoire, le temps, pouvons-nous espérer, de penser à une stratégie stationnement pour l'ensemble de la ville. Avec raison, car l'impact des mesures proposées par les élus du Plateau pourrait ne pas être celui que l'on recherche.

L'arrondissement du Plateau a décidé de réduire l'offre de stationnements gratuits, en allongeant la période tarifée (sur certains tronçons) et en ajoutant des parcomètres. Il proposait aussi d'augmenter les tarifs horaires. Il faut saluer l'initiative des élus du Plateau; c'est là l'une des stratégies les plus susceptibles de donner des résultats rapidement pour réduire la dépendance automobile: s'il nous est impossible de stationner, il nous faut nous déplacer autrement.

Mais on peut aussi choisir de se déplacer ailleurs, en automobile. Et c'est ce que craignent les commerçants des trois artères commerciales du Plateau, déjà fragilisés par la forte concurrence qui vient des nombreux pôles commerciaux de la banlieue et qui, de plus en plus, se développent en reproduisant les caractéristiques que l'on ne retrouvait autrefois que sur les artères commerciales traditionnelles.

Offre commerciale

On ne peut que donner raison aux commerçants: une augmentation du coût du stationnement se traduit nécessairement par une réduction de l'attractivité commerciale, surtout dans un contexte où les consommateurs sont très mobiles. Et surtout s'il est difficile d'utiliser le transport en commun pour se rendre à destination. Une augmentation du stationnement au centre-ville n'a pas le même impact que dans les quartiers périphériques au centre-ville, où l'accessibilité en transport collectif est moins évidente.

Certains avanceront que les trois artères du Plateau sont celles qui réussissent le mieux à Montréal, surtout parce qu'elles profitent d'une forte concentration de résidants à distance de marche. Ce qui leur a permis de proposer une offre commerciale à bien des égards unique, qui attire d'abord les résidents du Plateau, mais également les consommateurs de la proche ou de la lointaine banlieue. Toutefois, les commerçants du Plateau ne sont pas assurés de conserver leurs clients. Or, ils ont besoin de les conserver, pour continuer d'offrir une aussi grande diversité commerciale.

Dépendance à l'automobile

Il apparaît difficile de dire quel sera l'impact des mesures proposées, mais on peut facilement imaginer qu'il ne sera pas nul. Il sera sans doute faible dans le cas des résidants du Plateau, même si certains d'entre eux viennent en automobile. Pour les résidants des quartiers centraux montréalais ou des banlieues (sur l'île ou hors de l'île), il sera sans doute plus important. Il est donc essentiel de l'évaluer avant la mise en oeuvre d'une nouvelle politique du stationnement. Les contraintes sur le stationnement ne doivent pas avoir pour effet de réduire l'attractivité des artères commerciales du Plateau.

Les possibilités que les automobilistes se rendent ailleurs — là où les contraintes de stationnement seront moins grandes — sont d'autant plus fortes que le territoire concerné par les nouvelles mesures est restreint, à peine quelques kilomètres carrés au coeur de l'île. Pour réussir, la régulation du stationnement ne doit pas concerner qu'un seul arrondissement, surtout l'un des plus petits; il doit être pensé à l'échelle de la ville de Montréal, voire de la région tout entière, à défaut de quoi on risque de déplacer les consommateurs ailleurs, plutôt qu'autrement. Il faut par ailleurs éviter de ne viser que ceux qui viennent faire leurs achats dans les quartiers centraux. La réduction de la dépendance automobile doit aussi concerner les résidants. C'est à ce prix que l'on pourra réduire notre dépendance collective à l'automobile.