Pétition unitaire Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE)

P/O CL 3

/ #3062 choc PISA

2013-12-11 14:46

PISA (« Program for Iternational Student Assessment ») se distingue avant tout des évaluations internationales menées antérieurement (notamment par « International association for the Evaluation of Educational Achievement ») en ce que ce programme a bénéficié de l’engagement de décideurs politiques via l’OCDE et qu’il s’est positionné explicitement dès le début comme un programme tourné vers les décideurs politiques dans le domaine scolaire. C’est donc d’abord en matière de »politiques scolaires » qu’il faut évaluer son rôle.
Le cas le plus avéré (et le plus célèbre) de l’influence qu’a pu avoir PISA en l’occurrence est celui de l’Allemagne. Les résultats de la première enquête PISA connus en 2001 ont créé un »choc » en Allemagne en mettant en cause la perception foncièrement positive qu’avaient de leur Ecole les Allemands.
Le chancelier Schröder a présenté en 2002 un plan de 4,3 milliard d’euros destinés à permettre le passage à l’école à plein temps en déclarant que « celui qui échoue à mobiliser tout le potentiel des dons de la nation perdra la compétition internationale ». Alors que les différents Länder tenaient traditionnellement à leurs prérogatives en matière d’éducation, le « choc » PISA a conduit à ce que les Länder et le gouvernement fédéral créent en 2003 un « Institut pour le développement de la qualité dans le système éducatif » qui a défini pour la première fois de vrais standards nationaux en mathématiques, en allemand et en langues étrangères.
Il ne faudrait cependant pas s’imaginer que PISA (et encore moins l’OCDE) sont désormais toutes puissantes en matière de politiques scolaires. Loin s’en faut, car on peut constater que si l’impact de PISA peut être grande (comme en Allemagne), elle peut être aussi jugée quasi nulle (comme aux USA, pourtant un pays éminent de l’OCDE) avec toutes les figures intermédiaires possibles.
En France, il n’y a jamais eu jusqu’alors un « choc » PISA. On peut même dire que les résultats des premières enquêtes PISA n’ont pas atteint le grand public. Et cela d’abord sans doute parce que les résultats globaux pour la France étaient plutôt dans une « honnête moyenne », et que le ministère de l’Education nationale a souligné alors surtout les « biais » (réels ou possibles) de ce genre d’enquête.
Changement de cap à ce sujet dans les années 2006-2008. Dans la convention de l’UMP de février 2006 consacrée à l’éducation, Nicolas Sarkozy déclare qu’il « voudrait que l’on tire les conséquences de ce que nous apprennent les enquêtes internationales, en particulier les enquêtes PISA. Ce qui résulte de ces analyses, c’est que les facteurs clés de la réussite d’un système éducatif sont la qualité des enseignants, leur liberté pédagogique et l’autonomie des établissements ».
Même s’il est loin d’être évident que PISA permet effectivement ce genre d’inférences, le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos nommé par Nicolas Sarkozy en 2008 se réfère lui aussi explicitement à PISA pour asseoir sa réforme des programmes du primaire et légitimer ses choix en matière d’autonomie des établissements et d’accompagnement personnalisé. PISA fait désormais en France partie intégrante du débat scolaire.
Alors que l’on est en pleine « refondation » affirmée de l’Ecole en France, et que le Conseil supérieur des programmes vient d’être installé (« le cœur du réacteur de la refondation de l’Ecole » aux dires mêmes du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon lors de son installation), il semble aller de soi que « PISA » va être de nouveau très sollicité et commenté.
Et le Conseil supérieur des programmes va avoir rendez-vous avec son rôle historique possible. La première réunion du nouveau CSP en présence du ministre de l’Education nationale aura d’ailleurs lieu dans la foulée de la publication des résultats de PISA 2012, trois jours après. Signe des temps, cette réunion – initialement prévue à la mi décembre – a été avancée au vendredi 6 décembre.