Pétition unitaire Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE)

lycée Blanqui Saint-Ouen

/ #3005 Profs de prépas… en ZEP

2013-12-11 07:45

Un projet digne de Robin des Bois vient d’être mis au point par le ministère de l’Education nationale. Son principe est simple. Certains professeurs donnent des cours en conditions difficiles (en ZEP) ; d’autres professeurs ont des horaires allégés (en classes préparatoires). Il suffit de faire travailler plus les uns et de se servir des économies ainsi réalisées pour alléger les horaires des autres, les professeurs des ZEP. Quoi de plus juste ? On rallongera le temps de travail des profs de prépa de 20%(donc une baisse de salaire de 20%) pour… combien d’heures de moins et à qui exactement ? On ne sait pas ; ça ne sera pas trop distribué en tout cas : une réduction drastique du nombre des ZEP est à l’étude - il n’en restera qu’un petit nombre. Les profs de prépa seront les seuls fonctionnaires de l’Education nationale à subir cette baisse de salaire. Mais ils peuvent bien le supporter. Ils enseignent à l’élite.
Les prépas ont pourtant bien changé depuis vingt ans. Dans les années 90, on a commencé à implanter des «prépas de proximité» dans les lycées de banlieue et les lycées de province éloignés des centres universitaires. L’opération a eu un beau succès : aujourd’hui, ces classes représentent la majorité des prépas. La nôtre est un bon exemple. Nous sommes implantés au lycée Blanqui à Saint-Ouen. Nos étudiants viennent presque tous de Seine-Saint-Denis. Nous avons un taux de boursiers record. Pour entrer chez nous, la mention au bac n’est pas le sésame. Ce sont eux que nous hissons, année après année, au niveau des concours les plus difficiles : un tiers de nos élèves trouvent des écoles de haut niveau, les autres poursuivent dans des filières sélectives. Personne n’est laissé sur le bas-côté. Nos élèves d’élite, nous ne les recevons pas tout faits : nous les fabriquons. Bien plus silencieusement et efficacement que d’autres institutions qui se sont fait une réputation dans les médias en recueillant charitablement quelques boursiers, nous faisons fonctionner l’ascenseur social. Nous transformons en universitaires des élèves fragiles, qui ont peur de se perdre dans les facs, de ne pas s’en sortir.

Pour amener des élèves comme les nôtres à un tel niveau, il n’y a pas de secret : il faut travailler. Ceux qui ont la moindre connaissance du terrain savent qu’il n’y a pas d’enseignement plus lourd que celui des concours. La prépa, c’est un travail toujours renouvelé parce que chaque année le programme change, que les classes ont de gros effectifs et surtout parce que le niveau d’exigence des concours est terriblement élevé. Pour offrir, dans le secteur public, ce que les gens imaginent n’exister que dans le privé et pour ceux qui paient : un suivi de chacun et un travail de haut niveau, dont la qualité est vérifiable dans la réussite des élèves. C’est peu dire que nous sommes révoltés. Ce projet sacrifie des gens dont le tort est, dans une Education nationale sinistrée, de parvenir à faire ce qu’on demande à l’école de faire.

Par Les Professeurs de classe préparatoire du lycée Blanqui Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis, ZEP (zone prévention violence)