Des crédits récurrents pour la recherche

Pétition à l’adresse de Monsieur Thierry Mandon:   L'urgence d'un doublement immédiat et minimum des dotations de fonctionnement des laboratoires   Monsieur le Secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, nous, personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur tirons la sonnette d’alarme car la recherche est en danger : précarité, manque de moyens, dégradation des conditions de travail de toutes les catégories de personnels, pressions et contraintes sur le choix de nos thèmes de recherche, course à la publication et aux projets …  

Le système de financement public de nos recherches est au cœur de ces problèmes. L’obtention de financements extérieurs aux organismes et aux universités, mais financés sur le budget de l’Etat, est devenue au fil des ans une obligation, puisqu’aucune équipe de recherche ne peut plus travailler aujourd'hui avec le seul soutien financier de son établissement de rattachement : la plupart du temps, la dotation ne couvre en effet pas plus de 30% des dépenses de fonctionnement. Le financement récurrent des laboratoires est en effet si faible, et les postes statutaires de techniciens si peu nombreux, qu’une des activités principales du chercheur est de trouver un financement pour soutenir ses projets et des non-titulaires pour les mener à bien. Trop de temps précieux est passé à l’écriture et à l’évaluation de projets, et ce dans l'écrasante majorité des cas en pure perte. Ce système de financement, chronophage et aux chances de succès minimes, provoque par ailleurs des effets d'aubaine pour les laboratoires déjà « riches » tandis qu’il fonctionne comme une loterie pour tous les autres. Nous voyons tous qu'une telle procédure produit un énorme gâchis de l’argent public.  

Sans un geste fort et immédiat en direction de nos unités, c’est toute la recherche qui va s’asphyxier, éloigner les jeunes, désespérer les personnels, produire une science de moindre qualité et se noyer dans une marée de publications de plus en plus redondantes. Le naufrage qui s’annonce ne pourra être évité que par un rapide doublement des crédits récurrents[1] permettant à nos unités de reprendre l’initiative, de stimuler l’activité inventive et de répondre aux immenses enjeux auxquels la société fait face. 

La réorientation vers les unités de recherche des fonds actuellement alloués à l’ANR tout comme un coup d’arrêt au développement du Crédit Impôt Recherche (CIR) permettrait de modifier rapidement et radicalement cette situation catastrophique pour la recherche publique. Selon la Cour des Comptes, les dépenses de R&D des entreprises n'ont pas progressé et l'emploi dans la recherche privée a même baissé de 11 % entre 2008 et 2013 en France, alors que le montant du CIR a été multiplié par plus de trois, passant de 1,8 à 5,8 milliards par an.  

Les signataires de cette pétition demandent à ce que la dotation des laboratoires redevienne la principale source de financement du fonctionnement de nos unités. Nous demandons à cet effet une réorientation des fonds alloués à l’ANR et au CIR et nous sollicitons une rencontre avec le Secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

[1] A l'INRA, un manifeste lancé en 2015 par de nombreux directeurs d'unité, chercheurs, ingénieurs et techniciens demande ainsi qu’une somme de 20 k€ soit affectée par chercheur et ingénieur présent dans chaque unité au lieu des 6 k€ actuels en moyenne.