Manifeste des médecins et sages-femmes pratiquant des ivg en faveur de l'allongement du délai
A l’instar des 331 médecins qui en 1973, ont revendiqué avoir pratiqué des avortements, malgré l’interdiction de la Loi française, mais en faveur de la liberté d’avorter pour les femmes, nous souhaitons en 2020 exprimer que :
Nous, professionnel.le.s impliqué.e.s dans la prise en charge des femmes en demande d’Interruption Volontaire de Grossesse recevons chaque année des femmes souhaitant avoir accès à une IVG au-delà de 12 semaines de grossesse. Elles sont environ 2000 à traverser nos frontières chaque année, pour aller avorter là où les lois le permettent. Seules celles qui en ont les moyens y arrivent, alors que ces demandes concernent des femmes de toutes conditions sociales, qui avorteront quelles que soient les solutions qu’elles pourront trouver, y compris parfois au péril de leur vie.
L’allongement du délai pour réaliser une IVG répond à un besoin de santé publique. Notre rôle de professionnel.le.s de santé est de nous donner les moyens d’y répondre et nous serons au rendez-vous quand la loi votée par les député.e.s sera définitivement adoptée.
Nous savons que l’ensemble de la profession médicale et certains de ses représentants n’y sont pas favorables, le Conseil de l’Ordre des médecins était déjà opposé à la Loi Veil de 1975 et le Collège de gynécologie ne soutenait pas explicitement l’allongement des délais de l’IVG en 2001. Mais il faut cesser de faire croire que la question ne repose que sur l’acceptation du monde médical. La réalité est que la médecine saura répondre et le sait déjà. La question appartient à la société.
La littérature scientifique est abondante et rassurante : les méthodes instrumentales et médicales modernes pour les avortements jusqu’à 14 semaines de grossesse, terme limite que le projet de Loi propose, sont toutes deux sûres et efficaces, lorsqu’elles sont pratiquées par des soignants formés, expérimentés et empathiques.
Les médecins hollandais, espagnols et britanniques ont acquis la pratique des IVG à des termes supérieurs à 12 semaines de grossesse. Nous saurons faire comme eux.
L’interruption de grossesse existe déjà en France au-delà de 12 semaines, dans le cadre des fausses couches tardives, des morts fœtales in utero et des Interruptions Médicales de Grossesse, dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Nous nous formerons à réaliser des IVG jusqu’à 14 semaines de grossesse.
Les sages-femmes prennent quotidiennement en charge les interruptions de grossesse pour raison médicale sans limite de terme. Elles ont l’expérience et la compétence, tant dans l’accompagnement que dans la réalisation. Elles sont aguerries aux gestes endo-utérins. Elles sauront se former aux IVG instrumentales, comme les médecins généralistes qui en réalisent quotidiennement dans nos hôpitaux, bien que cette technique ne leur ait pas été enseignée au cours de leur formation initiale.
Nous mettrons nos compétences au service de nos concitoyennes et serons en nombre suffisant pour répondre aux demandes des femmes à disposer librement de leur corps.
Premières signatures:
Dr Nathalie Trignol-Viguier, PH référente du Centre d'Orthogénie du CHU Bretonneau, coprésidente de l'ANCIC, Tours
Dr Emmanuelle Lhomme, Hôpital Cochin Port-Royal, responsable médicale du Centre d'IVG, membre du CA et ancienne coprésidente de l'ANCIC, Paris
Pr Hervé Fernandez, chef de service Gynécologie-Obstétrique, CHU Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre
Mme Chantal Birman sage-Femme, membre du bureau de l'ANCIC et coprésidente de l'ANSFO, Bagnolet
Dr Sophie Gaudu, responsable du centre d'Orthogénie de l'hôpital Bicêtre et responsable du DIU d'Orthogénie, le Kremlin-Bicêtre et Paris
Dr Philippe Faucher, responsable du centre d’IVG de l'hôpital Trousseau, Paris
Dr Danielle Hassoun, gynécologue obstétricienne, Paris
Dr Ghada Hatem, médecin cheffe de la Maison des Femmes, Saint Denis
Dr Laurence Wittke, coordinatrice médicale Planning Familial du Loiret , membre du Bureau de l'ANCIC, Orléans
Dr Laura Marin Marin, responsable médicale des centres d'Orthogénie de l'hôpital Européen Georges Pompidou et de Corentin Celton, membre du bureau de l'ANCIC, Issy-les-Moulineaux et Paris
Mme Delphine Giraud, sage-femme, coprésidente de l'ANSFO, Paris
Mme Claire Wolker-Jarfaut sage-femme hôpital Simone Veil de Troyes, coprésidente de l'ANSFO
Dr Marie Sicot, PH responsable du centre d'Orthogénie du CHU Grenoble Alpes, membre du CA de l'ANCIC
Dr Sylvie Epelbouin, gynécologue- obstétricienne, responsable de l'unité d’AMP, hôpital Bichat, Paris
Dr Solène Vigoureux, gynécologue-obstétricienne, CHU Maternité Bicêtre, le Kremlin Bicêtre
Dr Sylvie Denoël, PH, CPEF CIVG Vannes-Auray, membre du CA de l'ANCIC
Dr Mélanie Horoks, responsable du centre d’IVG de la Maison des Femmes de St Denis,
Dr Teddy Linet, chef de service de Gynécologie-Obstétrique, Centre hospitalier de Saint-Nazaire.
Dr Emmanuelle Piet, présidente du collectif féministe contre le viol (CFCV)
Dr Maud Gelly, médecin du centre d’IVG de l'hôpital Avicenne, Bobigny
Dr Laura Berlingo, gynécologue-obstétricienne, hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris
Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception (ANCIC) Contacter l'auteur de la pétition