Les élèves de CPGE soutiennent leurs enseignants.

visiteur

/ #409 Re:

2013-11-30 14:30

#402: Marie L. -

Après 18 ans passés dans le secondaire, je vis ma première année en tant qu'enseignant d'hypokhâgne et peux donc vous offrir mon témoignage. Un premier point à éclairer est la fameuse "différence de traitement". Un enseignant en CPGE qui ne fait que ses heures ne gagne pas plus et même plutôt moins qu'un collègue du secondaire. Tel est mon cas : je gagnais plus dans le secondaire comme agrégé à 16h prof principal (9ème échelon) avec une HSA supplémentaire pour commune non limitrophe que comme prof de prépa à 9h qui fait lui-même à l'année 65h de colles. Mon salaire mensuel était de 3500€/mois, il descend à 3100€/mois. Ma quantité de travail elle a plus que doublé : je suis en fait au maximum de mes capacités. Concrêtement, le décret Peillon me mettrait en sous-service, de sorte que les 65h de colles ne me seraient plus payées (il faut 2h de colles pour compenser 1h de cours manquante), et mon salaire descendrait à 2800-2900€/mois. Ou alors il faudrait que j'ai une classe en plus, soit 50 élèves en plus, 2h en HEC ou 4h en hypokhâgne, soit dans le premier cas une heure sup et dans le deuxième trois : alors je gagnerais davantage qu'aujourd'hui, mais pour une charge de travail phénoménale que je me sens incapable d'assumer, et avec la mauvaise conscience de contribuer activement à des suppressions de poste. Suis-je un cas isolé? Dans le lycée où j'enseigne à Paris, la majorité des collègues en lettres n'ont aucune heure supplémentaire et ne gagnent donc pas davantage que leurs collègues du secondaire. Un deuxième point est de ne pas oublier la différence d'âge et d'ancienneté. La moyenne d'âge des enseignants en classe prépa est plus élevée qu'ailleurs : la différence de salaire s'explique aussi par l'ancienneté. Un troisième point est que outre une baisse de salaire pour la même quantité de travail - qui dans le secondaire ou le primaire l'accepterait? On voit bien que ceux qui ne sont pas choqués voire réjouis que cela puisse arriver aux profs de prépa présupposent que ceux-ci sont bien plus payés qu'eux et sans raison valable- la réforme Peillon produirait à terme des suppressions de poste bien réelles, pas seulement en prépa mais potentiellement aussi dans le secondaire, en mettant une catégorie de personnel au pied du mur face à un sous-service : accepter une classe supplémentaire, de prépa ou de lycée. Elle est dans la droite ligne de la réforme des lycées qui a de fait imposé à nombre de collègues une classe supplémentaire.