Non à la suppression de la qualification par le CNU

Electron libre

/ #529 les articles d'Einstein (réponse à #509)

2013-06-25 10:46

Les premiers articles d'Einstein ont été acceptés par un éditeur qui bien qu'opposé à leur contenu pensait qu'il était intéressant que les lecteurs de sa revue en aient connaissance pour en discuter. Aujourd'hui, dans les revues A+, est-ce que ces premiers articles passeraient ? J'en doute fort s'agissant des Sciences.
Et je suis convaincu, pour l'avoir testé, que le système des "reviewers anonymes" n'est pas la garantie d'une étude objective d'un article. Etude par les pairs, pourquoi pas, mais à découvert non pas pour mettre la pression sur ceux-ci mais pouvoir discuter avec eux des raisons pour lesquelles ils s'opposent à un article. Cela permettrait d'éviter les barrages faits par les concurrents travaillant sur le même sujet par exemple.

Maintenant, est-ce qu'Einstein aurait été qualifié ? Cette question relève peut-être de la fiction mais je crains que la réponse aurait été non. Les propositions alternatives, les hypothèses qui sortent du "dogme" propre à une discipline scientifique ne bénéficient pas du même accueil que celles s'inscrivant dans ce "dogme". Il arrive même que les propositions alternatives ne fassent même pas l'objet d'une lecture ne serait-ce que par principe : comment un "jeune con" (ce qu'était Einstein ?) pourrait-il proposer quelque chose que nous, grands chercheurs en place siégeant qui au CNU qui parmi les éditeurs de ces revues A+, n'avons pas vu, pensé, imaginé ?

C'est une des raisons pour lesquelles, je me demande si ce n'est pas plus sain de publier comme certains seulement sur des sites tels que Arxiv et, qui plus est, en français d'abord en attendant de trouver les fonds nécessaires pour proposer une traduction en "globish".
Un acteur de la recherche et du développement (en place dans l'industrie, beurk !) proche de la retraite m'a dit il y a plus de 10 ans qu'il valait mieux publier dans sa langue pour être sûr de ce que l'on écrit et que le propos soit le plus fidèle à ce que l'on souhaitait exposer.

De plus, lorsque je parcours les articles des revues A+ dans ma discipline je n'y vois rien de décoiffant juste des études académiques bien formatées tant du point de vue de la forme que du fond qui ne m'apprennent rien. Leurs auteurs ont certainement leur quota de publications de rang A mais qu'apportent ces publications ? Rien ou presque selon moi. Alors l'analyse du type "qualification" ou "commission des spécialistes" se fondant (principalement ou exclusivement ?) sur le comptage des publications de rang A ne me paraît pas pertinente. On obtient des profils académiques, certes, qui ne feront pas d'ombre à leurs supérieurs (mot choisi avec soin) mais qui ne permettront pas d'explorer des idées ou des voies nouvelles.

Alors, non, le CNU avec son découpage pour partie d'un autre âge, n'est pas l'outil adapté pour contrer les effets du localisme. Et oui, il y a fort à dire sur certaines de ces pratiques. Quant aux gens qui demandent et obtiennent leur qualification dans au moins une section pendant plus de 8 ans sans pouvoir obtenir de postes car ceux-ci sont fléchés et/ou réservés aux tenants du "dogme", ils ne sont pas forcément (euphémisme) favorable au maintien de la qualification car c'est un obstacle de plus qu'on leur oppose alors que les bons petits disciples obtiennent des postes très rapidement voire doivent se dépêcher de faire leur dossier de qualification car leur poste est déjà dans les tuyaux.

Non, la qualification n'est pas efficace pour contrer ces pratiques "localistes" (on peut rédiger un dossier à la place du postulant) et il ennuie aussi si ce n'est surtout des gens qui auraient peut-être des choses intéressantes à apporter à leur discipline.

Alors oui à sa suppression et oui à la recherche d'une solution efficace pour limiter le localisme même si je doute que ce soit le désir de tous nos représentants à l'assemblée, au sénat voire même au CNU.

Pour une recherche si ce n'est démocratique du moins laissant à nouveau la place aux idées et hypothèses sortant du "dogme", afin qu'émergent peut-être de nouveaux "géants"