CONTRE la loi ESR "Fioraso", parce que POUR la langue française !


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/ #1055 au moins 2 prix Nobel sont pour cette loi

2013-05-09 16:15

Facultés : les cours en anglais sont une chance et une réalité

Parmi ses missions fondamentales, le service public de l'enseignement supérieur développe des coopérations internationales et participe notamment à la construction de l'espace européen de l'enseignement supérieur et de la recherche. Les universités développent des échanges scientifiques internationaux et accueillent de nombreux étudiants étrangers. Elles envoient également les étudiants français effectuer des semestres ou des années d'études dans d'autres pays.
Ces échanges internationaux de chercheurs, d'étudiants - sont indispensables pour que notre recherche et notre innovation se maintiennent au meilleur niveau mondial et dynamisent notre économie. Ils renforcent également l'image et le rôle de la France dans le monde. L'étudiant étranger conserve pendant toute sa vie de l'affection pour le pays qui l'a accueilli pendant une partie de sa jeunesse.

La loi sur l'enseignement supérieur et la recherche en passe d'être examinée par l'Assemblée nationale est pourtant l'occasion d'une querelle déconcertante. La loi propose d'autoriser l'enseignement dans une langue étrangère dans les universités, ce qui est, en principe, toujours impossible aujourd'hui, depuis la loi Toubon qui date du siècle dernier (1994). Les universitaires ont, pour nombre d'entre eux, oublié cette interdiction et l'anglais s'est déjà de facto introduit dans les salles de cours.

On recense ainsi plusieurs centaines de masters en France dans lesquels on enseigne en anglais. Les voix qui s'élèvent au nom de la défense de la langue française nous paraissent donc totalement décalées par rapport à la réalité universitaire contemporaine, mais aussi gravement contre-productives pour ce qui concerne les intérêts de la France et de la francophonie.

Sauf dans des disciplines très particulières, les scientifiques du monde entier utilisent l'anglais pour communiquer. L'anglais est choisi pour l'immense majorité des publications scientifiques et des conférences internationales. En conséquence les étudiants en thèse dans les laboratoires doivent très vite maîtriser l'écriture scientifique, l'expression orale dans cette langue et sa compréhension. C'est pourquoi la plupart des principales universités à travers le monde, y compris dans des pays non anglophones, proposent des cours ou des cursus complets de master en anglais. Cette offre leur permet d'accueillir facilement les étudiants du monde entier - en particulier français -, de les préparer à l'anglais dans leur spécialité - ou plus exactement au "global english" ou "globish" de leur science - et de mieux les insérer dans leur futur travail de jeune chercheur.

Au-delà de l'intérêt scientifique, l'enseignement en anglais permet d'attirer des étudiants étrangers en provenance de pays dont les jeunes s'orientent majoritairement vers des pays anglophones. Si l'enseignement supérieur français conserve une attractivité internationale importante - avec près de 300 000 étudiants étrangers, la France est cinquième derrière les Etats Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et l'Allemagne -, cette attractivité se révèle très hétérogène et extrêmement faible pour certaines nationalités (la Corée, l'Inde ou le Brésil, par exemple).

La raison principale est la barrière de la langue dans nos cursus, et davantage de cours en anglais permettraient de les convaincre. Quel dommage que la France se prive de ces étudiants ! Ajoutons qu'ils auraient pour la plupart eu à coeur d'apprendre le français en vivant dans notre pays, par exemple en suivant des cours de français langue étrangère que leur offrent par ailleurs nos universités. Le "global english" dont il est question ici n'est qu'une langue véhiculaire, qui, partout où on la parle, ne fait que se rajouter aux autres langues sans s'y substituer.

Il n'est pas ici question de contraindre les enseignants qui ne le souhaitent pas à enseigner en anglais. Le projet de loi n'entravera aucun enseignant. Dans le respect du principe d'indépendance des enseignants-chercheurs, il rend davantage de choses possibles, il dynamise leur recherche, il favorise l'insertion de la France dans le monde en renforçant son attractivité. Il renforce la France et, avec elle, la francophonie.

Article de :
Françoise Barré-Sinoussi (Prix Nobel de médecine),
Vincent Berger (président de l'université Paris-Diderot),
Alain Fuchs (président du CNRS),
Serge Haroche (Prix Nobel de physique et administrateur du Collège de France),
Antoine Petit (directeur général adjoint d'Inria)
Cédric Villani (médaille Fields)