Alerte! Les restaurateurs francais du patrimoine sont en danger!


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2016-04-01 09:42

Je voudrais un peu rebondir sur ce que j'ai pu lire sur le forum de la FFCR:

- en ce qui concerne les marchés publics il y a un vrai disfonctionnement entre la volonté administrative et les réalités de notre métier. Je constate des délais de plus en plus court entre l'émission de l'appel d'offre et la date butoir de fin des travaux. Récemment j'ai vu un appel d'offre passée en janvier et la fin des travaux était pour mi-mai. C'est intenable pour nous, nous ne sommes pas à disposition exclusive des musées. Nous devons travailler sur plusieurs fronts pour espérer gagner un peu d'argent et nous ne pouvons pas mettre tout en stand-by pour leur bon plaisir. Pour les appels d'offres dans le domaine de la restauration de peintures murales, les délais sont de plus en plus courts et nécessite de se consacrer pendant 2 ans sur un chantier 24h/24, 7j/7 avec la constitution d'une grosse équipe. Cet état de fait amène au résultat que de plus en plus souvent ce sont des sociétés de BTP ou de décorations ayant quelques restaurateurs au sein de leurs équipes qui remportent les chantiers car nous restaurateurs indépendants nous ne pouvons pas suivre financièrement et matériellement. Ces délais très courts dans ce domaine sont d'ailleurs assez souvent préjudiciable pour les oeuvres. Je me souviens d'un appel d'offre pour une petite chapelle, les algues et les mousses venaient juste d'être traitées et un drain posé. La chapelle était encore complètement humide, il aurait fallu au moins 1 an avant de pouvoir commencer les travaux et je vous le donne dans le mille: le chantier devait débuté 3 mois plus tard! J'ai vraiment l'impression qu'en France nous allons avoir les mêmes problèmes qu'en Italie (rappelons que l'Opifico delle Pietre Dure va probablement fermer!). Il suffit de parler avec nombre de restaurateurs italiens venus en France pour entendre parler des nombreuses boites de BTP qui ont faits écrouler les prix et rafler tous les marchés depuis quelques années. J'ai rencontré une restauratrice qui a travaillé plus de 30 ans à Rome, la situation devenant intenable elle a dû venir travailler ici et en Espagne et ce n'était pas de gaieté de coeur.

- pour la propriété intellectuelle, il y a effectivement un grave problème. Nos rapports servent souvent à des interviews, colloques sans notre autorisation. Lorsque l'on parle d'une restauration dans des publications scientifiques ou pour grand public, c'est toujours le conservateur qui intervient et, le nom du restaurateur est souvent même pas mentionné. Dans le cadre d'une restauration, j'ai effectué une recherche historique sur une oeuvre. Ce rapport, je n'ai aucun doute, a servi de base pour le classement de l'objet. Croyez-vous que l'on m'ait demandé mon accord de diffusion ou même tout simplement dit merci pour mon travail qui a fait passer une oeuvre du statut copie XIXe siècle à celui d'oeuvre attribuée à un artiste et avec la bonne iconographie!