Chères et Chers signataires,
Ce message pour vous informer qu’à la suite de la triste annonce du 13 septembre 2023, deux autres citoyennes signataires de la pétition (Céline et Véronique) ainsi que moi-même avons lancé une dernière tentative pour sauver le bœuf fugueur, désormais prénommé « Heros », qui est toujours vivant à ce jour.
En effet, nous avons tenté le tout pour le tout, à savoir racheter, toutes les trois, à titre privé, l’animal à son éleveur et lui trouver un lieu de vie en moins de 24 heures. Bien qu’en principe opposée au rachat d’animaux à leurs éleveurs (voir position de l’Association dans l'annonce du 13 septembre pour plus de détails), Virginia Markus de l’Association Co&xister nous a également fourni une aide précieuse dans nos démarches, notamment en assurant une place pour Heros dans un sanctuaire suisse allemand et en proposant de financer et d’organiser son transport. Nous l’en remercions chaleureusement.
A notre plus grand désarroi, et malgré avoir obtenu succès dans notre course contre la montre, c’est finalement l’éleveur qui a changé d’avis, refusant de nous vendre l’animal alors que tout était prêt. Plusieurs tentatives de négociation n’y ont rien changé: ce dernier semble fermement opposé à la cause animale et déterminé à la mise à mort d’Heros.
A moins d’un miracle, comme l’intervention de quelqu’un qui aurait le pouvoir d’influencer l’éleveur, il semblerait qu’Heros n’échappera donc pas à son funeste destin. Malgré notre tristesse, faisons en sorte que cette tragédie ne soit pas inutile.
Qu’Heros, s’il devait mourir, soit un symbole de tous les animaux dits « de rente », ayant chacun tout autant soif de vivre qu’Heros mais qui ne sont pas médiatisés et qui, chaque jour, sont eux aussi conduits à l’abattoir, dans l’indifférence générale.
Afin de les aider, et de soutenir ceux qui accueillent les rescapés plus chanceux, nous invitons tous les signataires à considérer le parrainage d'un refuge, association ou sanctuaire accueillant des bovins, comme Heros, nécessitant une infrastructure importante et un engagement sur le long terme. Comme par exemple l’Association Co&xister (https://www.asso-coexister.ch/), Refuge La Bouche qui rit (https://refugelabouchequirit.com/), etc.
Nous vous remercions encore de tout cœur de votre soutien pour Heros et vous tiendrons à jour, à travers cette page, d’éventuelles bonnes nouvelles de dernière minute ou levées de fonds nécessitant votre soutien.
Joelle, Céline, Véronique
Un immense merci à tous les signataires de la pétition pour sauver notre ami boeuf de l'abattoir. Vous étiez plus de 950. C'est le coeur très lourd et non sans larmes que je vous informe que malgré des discussions avec l'éleveur, ce dernier n'a pas souhaité gracier l'animal et que sa mise à mort est prévue pour les prochains jours.
Que son triste sort serve de rappel que les tentatives de déculpabilisation sous les appellations "viande locale", "viande éthique" ne sont qu'un leurre quand il s'agit de tuer un être vivant et sentient.
Je me console néanmoins en apprenant que de plus en plus d'éleveurs vivent des éveils de conscience et entreprennent des reconversions professionnelles vers des métiers respectueux du vivant et sans exploitation animale. Soutenir ces éleveurs et placer leurs animaux rescapés est une des activités de Virginia Markus et son Association Co&xister (https://www.asso-coexister.ch/)
Je suggère à ceux qui souhaitaient qu'une cagnotte soit mise en place pour sauver l'animal réorientent leurs dons vers l'Association Co&xister, ce qui aura beaucoup plus d'impact et permettra de sauver des centaines d'animaux à long terme, à travers la reconversion d'éleveurs. Je joins ci-dessous, la position de l'Association sur ce sujet.
Encore un immense merci pour votre soutien!
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Ci-dessous, la position de l'Association Coexister:
Avec Maya, quelques mots sur le sauvetage d'animaux, l'histoire du "boeuf fugueur genevois" et sur la reconversion des éleveurs et éleveuses

Tous les jours, les demandes concernant des animaux cherchant des lieux d'adoption affluent dans les refuges et sanctuaires. Dans la majorité des cas, nous trouvons des solutions d'accueil afin de garantir que l'individu soit sain et sauf. L'idée étant de pouvoir épargner un animal à la mort, un sauvetage repose sur le principe inverse d'une commercialisation. En d'autres termes, nous n'achetons pas les animaux ; les éleveurs et éleveuses les cèdent "de bon coeur". Il ne s'agit pas d'acheter quelqu'un, mais de le libérer, avec l'accord de l'humain qui en est légalement le propriétaire.
Mais il arrive que des éleveur-euse-s tentent de négocier un tarif. Il est arrivé, qu'après avoir réussi à encourager un refuge ou un sanctuaire à acheter l'animal, l'éleveur majore le prix de vente et va jusqu'à proposer de vendre des animaux encore à d'autres lieux d'accueil, trouvant ce nouveau marché financièrement intéressant. Ceci n'empêchant en rien l'éleveur concerné de remettre en question le fait même de pratiquer l'exploitation animale. En somme, acheter la vie des uns contribue à continuer à faire engraisser et tuer les autres.
La philosophie de notre
Association Co&xister est claire. Par principe, nous n'achetons jamais les animaux, sauf cas d'exceptions rarissimes et justifiées. Comme parfois, des particuliers qui ont déjà acheté un animal à un éleveur et qui dans un deuxième temps, nous contacte pour l'accueillir. La transaction a été effectuée et nous n'avons pas eu le temps de discuter du sujet en amont. Mais dans l'écrasante majorité des situations, il n'en est pas question. Par contre, et comme vous le savez, nous oeuvrons corps et âme au soutien à la reconversion des éleveur-euse-s, pour lesquel-le-s nous sommes prêt-e-s à chercher des fonds pour financer une transition. Car au bout du compte, un éleveur qui cesse d'exploiter est un éleveur qui épargnera, sur toute sa carrière, des centaines, voire des milliers, même des dizaines de milliers d'animaux selon l'espèce, en cessant de les produire. Par ailleurs, souvent, ils ont besoin d'argent pour garder une partie des animaux de leur ferme et cherchent du soutien pour pouvoir continuer à les entretenir, sans avoir à les exploiter. Dans ce sens, les soutenir financièrement trouve toute sa logique car la dignité et la vie des animaux sont garanties.
L'éleveur du boeuf qui s'est échappé d'un abattoir genevois n'a jamais voulu entrer en matière sur une cession. Estimant notre démarche "inutile", il nous a raccroché au nez. La personne ayant lancé la pétition et récolté 900 signatures a eu droit au même traitement. Lui proposer quelques milliers de francs (entre 5'000 et 7'000.- CHF estimés) pour le convaincre de gracier ce boeuf aurait peut-être sauvé la vie à ce dernier si l'éleveur avait été explicitement ouvert à la question, mais aurait directement contribué à financer l'engraissement de ses 80 autres bovins qui tous sans exception, termineront leur courte à vie à l'abattoir.
Avec 5'000.- à 7'000.- CHF, nous pouvons aider un éleveur en reconversion à entretenir des animaux qu'il n'exploite plus, pour prendre cet exemple. À hauteur de 250.- par mois, nous pouvons assurer le parrainage d'une vache dans une ferme reconvertie, et donc, avec cette somme, nous pourrions assurer le parrainage sur une année de deux bovins. À ce tarif, nous pourrions aussi parrainer sur une année, 4 cochons nains ou 5 chèvres/moutons. Ou encore, nous pourrions aider l'agriculteur ou l'agricultrice à démarrer une nouvelle filière de production en investissant dans des machines ou outils adaptés. Avec une telle somme de toute évidence, nous aurions un impact plus grand et sur de plus nombreux animaux que sur un seul individu, dans un endroit qui ne compte absolument pas remettre en question sa pratique.
Évidemment, nous aurions rêvé pouvoir sauver ce boeuf courageux. Mais la réalité, que le grand public occulte parfois, c'est que les lieux comme notre sanctuaire croulent sous les demandes pour des animaux qui n'ont pas eu la chance d'être médiatisés, mais qui ont tout autant envie et droit de vivre. Il relève donc de notre choix, mais aussi de notre responsabilité, de soutenir les sanctuaires existants en parrainant des animaux ayant pu "gratuitement" échapper à l'abattoir et les fermes en phase de se reconvertir, afin que l'argent issu de donations puisse bénéficier au plus grand nombre d'animaux possible.
Ainsi, avec Maya, qui a été épargnée sans négociation financière et qui a permis à son éleveur d'entamer toute une démarche de reconversion avec le projet de
Aux Pains Sans Peines, nous continuerons d'oeuvrer prioritairement en faveur d'un changement de système en accompagnant toutes et tous les éleveur-euse-s prêt-e-s à remettre en question leur pratique. Une démarche influençant ainsi positivement la vie d'un nombre inquantifiable d'animaux qui, à l'image de ce boeuf genevois, sont tous des individus à part entière, dont la vie ne devrait jamais être commercialisée.